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entre les murs, le film qui nous met au pied…

Je suis dans l’avion et je ne dors pas, mon cœur s’emballe à chaque turbulence (on s’en tape mais l’angoisse est bien là). La sélection de film est plus intéressante que d’habitude ? Après 3 films (Coco avant Chanel, Home et Une Vérité qui dérange), mon choix s’est porté sur « entre les murs » -sans majuscule vous noterez-. J’ai toujours refusé de regarder ce fameux film récompensé. Paris, 20ème arrondissement, un collège que l’on devine difficile (les blagues des professeurs en réunion de pré rentrée laissent présager cette idée), un professeur de français et ses élèves…

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Nous sommes tous d’accord qu’en surface le film dénonce les conditions scolaires des jeunes des quartiers dits difficiles. J’ai la forte intuition et cela semble probablement prétentieux que cet essai filmique renforce les stéréotypes et stigmatise toujours plus ces étudiants. D’origines diverses, ces petites Kaïra en herbe qui crachent sur les bab’tous, restent des « Jeunes » (et le terme est lourd de sens, les médias l’ont utilisé et malaxé dans des termes péjoratifs, négatifs). Des jeunes qui ne manient pas correctement la langue française c’est certain, qui adoptent une « attitude désinvolte et insolente » c’est encore plus sûr… qui écoutent du rap, insultent ou prévoient d’intégrer les rangs de la police.
Au passage, Françoise Dolto est un collège classé ZEP, situé rue des Pyrénées dans le 20ème à Paris il côtoie donc certains quartiers sensibles.
Le professeur qui encadre les élèves semble de prime à bord endosser le rôle du pédagogue parfait, à l’écoute, ouvert et tolérant… mais se tient prêt à « charrier » (comme ils disent) ses étudiants. C’est toujours pour la bonne cause néanmoins se révèle vexant pour des jeunes pas si cons et conscients de tels effets de style. Un peu barbant, vraiment triste si j’ose dire dans la mesure où la réalité de la situation n’est pas si loin.

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Revenons à ce film : Des passages du film peuvent créer un effet détestable sur une population assez étroite d’esprit, qui a peur de la différence et qui se gênerait pas pour dire « ah voilà encore ces noirs et ces arabes … ». C’est bien là que le bât blesse, certes le film met le doigt sur des problèmes typiques dans les enceintes de ces collèges et lycées parisiens mais tellement typiques qu’il ne fait que montrer les conséquences de conditions de vie merdiques. Je ne me lancerai pas dans l’histoire des rapatriements familiaux, ni de l’entassement dans les banlieues de la « main d’œuvre » venue du Maghreb et autres car le débat est large et je ne possède peut-être pas toutes les clefs pour intervenir pertinemment. Un exemple. Une discussion qui chauffe entre les deux déléguées de classe et un prof qui perd son sang froid se soldant par « vous vous êtes comporté comme des pétasses ». Les deux filles sont égarées, les autres élèves prennent leur défense, la mayonnaise prend, un étudiant tutoie le professeur, se lève pour sortir, blesse sur son passage une collégienne pour terminer dans le bureau du principal. Le conseil de discipline lui pend au nez, tout le monde le sait et le sent, c’est inacceptable c’est certain. Encore une fois on s’intéresse aux effets sans chercher les causes profondes… Encore plus drôle, lors de la rédaction de son rapport, le prof ne mentionne pas ces dires injurieux et conclue avec le proviseur d’ajouter les faits « sans trop détailler ». J’ai assisté à des conseils de discipline et c’est exactement ce qu’il se passe en interne.
Je suis consciente et chiante mais sensible aux jeux des acteurs qui n’en sont pas et qui à l’heure qui l’est sont probablement retourné à Françoise Dolto. Une récompense à Cannes c’est beau et inespéré… mais là encore la palme rimerait-elle avec discrimination positive cinématographique ?

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On se souvient la spectacularisation des émeutes des banlieues en 2005 qui a également mis au-devant de la scène le mal être et les problèmes qui résident dans ces quartiers. Au lieu de susciter une prise de conscience, les journalistes opportunistes car il n’y a pas d’autre terme se sont délectés de superbes images. Le feu des voitures qui brûlent, les pleurs, les plaintes, la haine ont été scandaleusement sublimés. Je m’arrêterai là, je m’emballe… J’espère que ceux qui liront ne jugeront pas trop vite, je ne suis pas communiste, ni présidente d’une association de quartier, ni la porte-parole de qui que ce soit mais je pense qu’Al Gore aurait pu prêter le titre de son film catastrophe à celui-ci.



4 réponses à “entre les murs, le film qui nous met au pied…”

  1. dam_sou dit :

    Je n’ai pas vu le film, mais je te trouve un peu dur sur certains aspect. Pour moi, ce film est plus une représentation d’une réalité que beaucoup ne connaissent pas et/ou ne veulent pas connaître. J’ai plus l’impression que ce film a été réalisé pour soulever les problèmes que l’ont peut rencontrer dans les ZEP et non les résoudre ou en trouver les causes : Tout cela dans le but de faire (un peu serait déjà pas mal) réagir l’opinion publique…

  2. I working on it with my shrink dit :

    Well said!!!

  3. Jérémy dit :

    Hello,
    J’adore cet article 🙂
    J’ai vu le film et suis assez d’accord avec ce que tu dis.
    Pour le festival de Cannes, néanmoins, je crois que c’est une cérémonie avec une « organisation » assez autonome et objective.
    Je crois que c’est dans l’air du temps, dans la polémique environnante les jeunes des cités et leur comportement « différent » de la norme, et qu’un film traitant ce sujet soit récompensé aux oscars, me parait légitime donc pas forcément de discrimination positive, et donc de manipulation pour l’appliquer; au contraire, je mise plus sur une évolution réelle des mentalités. Tu ne crois pas?
    A bientôt.

  4. Julie Navarro dit :

    @Dam_sou
    La réalité tout le monde la connait mais beaucoup ne la vive pas et ne savent donc pas ce que représente cette vie… Les problèmes sont soulevés c’est certain, néanmoins il me semble que les solutions à ces problèmes ne sont pas évoquées et d’ailleurs JAMAIS évoquées… A méditer…
    La pitié ne résout rien !

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